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10 Février 1996

Les ktas sans dessus dessous

"Tu montes haut ? alors bonne descente !"

Telle est la phrase habituelle la plus étrange que l'on puisse entendre lors d'une discussion dans le tunnel autour du trou. Innocente à première vue, elle soulève pourtant un paradoxe fondamental de l'univers suburbain. C'est ainsi que lorsque l'on veut descendre dans les carrières il faut commencer par monter au Nord.

Le phénomène est unique et ne se rencontre guère que sous Paris. Les choses se compliquent lors du chemin du retour. Il faut alors redescendre, en croisant donc les gens qui montent parce qu'ils commencent leur descente, pour remonter. Une descente c'est plutôt fatigant, mais le fait de monter ne repose pas non plus. Certaines galeries en pente défient les lois de la physique fondamentale : la galerie monte mais ceux qui l'empruntent redescendent et descendre à l'étage inférieur n'a jamais permis à personne de redescendre.

La physique fondamentale des KTAs

Nous nous trouvons donc en face d'un phénomène des plus étrange. Les reporters du Gros Pipeau, toujours dans l'idée d'illuminer leurs lecteurs, se sont rendus à l'Institut .... afin de tenter d'élucider le mystère des montées-descentes.

C'est le professeur Grödarki-Pü qui fut le premier à se pencher sur la question. Selon lui, les notions de montée et de descentes s'inversent régulièrement dans le ventre de Paris.

Cette inversion quasi-permanente viendrait du fait qu'une masse non négligeable de matière se trouvant au-dessus des galeries provoquerait des troubles gravitationnels suffisant pour induire en erreur notre sens du haut et du bas.

Cette théorie fut en vogue durant de nombreuses années jusqu'à ce que les frères Igor et Grichka Bogdanov s'intéressent à la question. Voici un extrait de l'interview d'Igor Bogdanov par Grichka Bogdanov et vice-versa:

"- Nous nous trouvons ici en face d'un phénomène inexplicable par les sciences classiques, n'est-ce pas Igor ?
- Bien sûr Grichka et nous pouvons aller plus loin en considérant les KTAs comme un univers parallèle à inversion mono-dimensionnelle périodique. Mais nous pouvons aller plus loin Grishkor...
- Tout à fait Iga, d'ailleurs on y va."

Mais tout cela n'était qu'une approche empirique de la vérité. C'est pourquoi, nous, au Gros Pipeau, avons décidé d'aller plus loin aussi et de vous livrer les secrets d'une découverte scientifique sans précédent...

Les univers perpendiculaires Revenons au fait : lorsque l'on descend, on doit commencer par monter au nord, puis redescendre pour remonter. Nous nous trouvons donc en face d'un univers parallèle dans lequel monter et descendre sont des concepts autres.

Tout ce passe comme si cet univers parallèle n'était pas parallèle - au quel cas le haut et le bas sont les mêmes - mais formait un angle avec l'univers de la surface. Ces univers sont appelés univers perpendiculaires par opposition aux univers parallèles.

Une armada de spécialistes en sciences cognitives et en laitages de Normandie se sont penchés sur le problème. Des centaines d'heures de travail ont abouti a un résultat fort surprenant :

L'angle formé entre les deux univers perpendiculaires - celui de la surface et celui des KTAs - serait de 83,37°.

Ce résultat est effectivement surprenant car si l'on multiplie cet angle par cinq fois la distance Paris - Istamboul en centimètres et que l'on divise par le poid de la plaque du 40, on obtient la distance Terre-Lune en yards avec cinq chiffres significatifs.